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Petite enfance, enfance et jeunesse

Nelson-Mandela : des parents à l’école de la solidarité

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Privé de son classement réseau d’éducation prioritaire depuis dix ans, le groupe scolaire Nelson-Mandela résiste. Les difficultés ne brisent pas l’élan collectif : une enquête lancée par les parents d’élèves révèle une école soudée, portée par la solidarité des familles et de l’équipe éducative.

Ce n’est pas une météo furieusement venteuse et peu clémente pour un mois de juin qui allait arrêter les représentants des parents d’élèves de l’école Nelson-Mandela. Il leur en fallait plus… Car côté tempête, ils sont rôdés. Voilà plusieurs années qu’ils se mobilisent, aux côtés des enseignants,  pour que l’établissement scolaire de leurs enfants, situé au pied du Sillon de Bretagne, réintègre le réseau d’éducation prioritaire plus (REP+).

 « Notre école a perdu ce statut il y a dix ans, lorsque les règles de classement en REP a changé », expliquent les parents d’élèves (lire encadré ci-dessous). Depuis, malgré la mobilisation et les soutiens politiques, les sollicitations multiples jusqu’au ministère de l’Éducation nationale, Nelson-Mandela, 8e école la plus défavorisée de Loire-Atlantique, ne peut bénéficier des moyens équivalents à ceux attribués aux établissements REP+ : classes dédoublées, revalorisation des rémunérations des enseignants, ressources académiques supplémentaires, etc.

Positifs malgré tout

Ce mardi après-midi, les parents d’élèves avaient installé chaises et table sous le préau, prêts à accueillir les familles, à poursuivre l’échange sur le classement en REP+, bien sûr mais pas seulement.“ En mars, nous avons lancé une vaste enquête auprès des parents d’élèves pour avoir une meilleure connaissance de leurs préoccupations, détaille Sarah, représentante des parent d’élève. C’était important pour nous de recueillir la parole du plus grand nombres. »

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Pour la très grande majorité des parents qui ont répondu à l'enquête, la communication avec les enseignants est un point fort. Ils se disent satisfaits de l'accueil périscolaire, de la diversité culturelle, des actions de l'Association des parents d'élèves, de l'écoute...

Les résultats sont plus qu’encourageants pour les parents comme pour l’équipe éducative. “ D’abord, le taux de retour qui s’élève à 67 %, s’enthousiasment les parents présents. 136 familles ont pris le temps de répondre à cette enquête qui comportait de nombreuses questions ouvertes pour que chacun se sente libre de s’exprimer. ”

Des parents engagés

Le lien avec les enseignants, les actions de l’association des parents d’élèves (APE), l’accueil, l’écoute et la sympathie du personnel de l’école, la diversité culturelle sont autant d’éléments plébiscités par les parents. « L’APE fait beaucoup, veulent souligner des parents. Il ne se passe pas une semaine sans qu’elle n’organise quelque chose ! »

Vente de gâteaux, participation aux projets de l’école, café des parents pour s’informer (soutenu par la Ville et la préfecture) ou désamorcer des situations… “ Beaucoup de familles jouent le jeu ”, témoignent, Imane et Zakia, coprésidentes de l’Association des parents d’élèves venues, elles aussi, partager leurs points de vue.

Faire circuler la parole

Les résultats de l’enquête concernent également l’équipe enseignante dont une partie est venue prendre part à l’échange, témoignage d’une parole qui circule. “Nous faisons le travail d’enseignants en REP + sans les moyens, mais jusqu’à quand, interroge une enseignante. Il y a de la fatigue, des heures qu’on ne compte plus… des temps informels nombreux et nécessaires pour échanger avec les parents. ”

“ Bon nombre de mes amis me demandent pourquoi je reste à Mandela, raconte une autre enseignante. C’est simple, je reste pour cette solidarité entre enseignants, le soutien des parents… et nos élèves. ” Une position qui fait écho aux résultats de l’enquête mais pose question : que se passera-t-il le jour où les parents d’élève ne seront plus dans la même dynamique, dans le combat pour l’école ? Ou l’équipe enseignante sera définitivement lasse si la situation ne bouge pas ?

“ En attendant, lancent les représentants des parents d’élèves, nous sommes là, mobilisés et positifs pour nos enfants. Mandela est une école où la solidarité bat son plein malgré les difficultés ”. L’enquête ne dit pas autre chose.

Un collectif départemental pour défendre les "écoles "orphelines"

Le groupe scolaire Nelson-Mandela n’est pas un cas isolé. En février dernier, les parents d’élèves de l’école ont lancé un collectif départemental de défense de l’éducation prioritaire. À  ce jour, il réunit une cinquantaine d’écoles dites “ orphelines ” de Loire-Atlantique, soit des établissements qui accueillent majoritairement des élèves issus d’un milieu défavorisé sans pouvoir prétendre à un classement en Réseau d’éducation prioritaire (REP ou REP+).

 » Les règles ont changé en 2014, explique Elodie Couturier, représentante des parents d’élèves de l’école Nelson-Mandela et membre du collectif. Pour intégrer un REP, les autorités s’appuient sur l’Indice de position social (IPS) du collège de rattachement. Pour Nelson Mandela, le collège de rattachement est Gutenberg, un établissement qui accueille des élèves de Saint-Herblain, Orvault et Sautron. La mixité sociale y étant plus grande, son indice de position social est plus élevé. Il ne peut, de ce fait, être classé en REP.

À  la fin du mois, une nouvelle rencontre avec le directeur académique des services de l’Éducation nationale est à l’agenda pour réclamer, une fois encore, des moyens à la hauteur des besoins des élèves.