Au Petit Grenier, tissage de laine et de liens

Quartier Beauséjour, au nord de Saint-Herblain, on brode, on surfile et on tricote dans la bonne humeur depuis 2021. Aux murs et entre les tables de travail du Petit Grenier, des pelotes de laine, des boutons par centaines et des rouleaux de tissus aux couleurs éclatantes achèvent de rendre le lieu chaleureux. « Depuis notre ouverture, on a dû récolter près de 10 tonnes de laine, s’enthousiasme sa fondatrice, Delphine Vacher. Sachant qu’une pelote fait 50 grammes, je vous laisse imaginer la quantité de matière à laquelle on a donné une seconde vie ! »

Dans ce petit local de l’avenue Courteline, Delphine Vacher et l’association qu’elle a lancée mettent à la vente tous types de produits de mercerie, issus de dons de particuliers ou d’entreprises. Un « capharnaüm organisé » que font vivre 4 salariés permanents et une vingtaine de bénévoles fidèles, dont certains en situation de handicap. « C’est l’autre élément fondamental – et fondateur – du Petit Grenier, témoigne Delphine Vacher. Permettre à des personnes en situation de handicap  de développer leurs compétences sociales et professionnelles dans un lieu bienveillant. Depuis notre lancement, nous avons accueillis des dizaines de personnes porteuses de handicap, sur des périodes plus ou moins longues. »

Pour lancer son projet, Delphine Vacher a pu bénéficier de l’accompagnement des Ecossolies à travers leur parcours Popcorn, une aide aux porteurs de projets relevant de l’économie sociale et solidaire. Un coup de main bienvenu pour consolider les bases de son projet, à une période où la mercerie était encore très peu présente dans le secteur du réemploi.

À ses débuts, le Petit Grenier peut en effet se targuer d’avoir été, en France, un précurseur en matière de mercerie de seconde main. « J’ai créée l’association en 2020, se souvient Delphine Vacher. À l’époque, il n’y avait qu’une boutique qui faisait cela, à Lille. Depuis des initiatives se développent, à Rennes, au Mans, à Laval, à Tours… Ça montre bien que le réemploi est un secteur d’avenir. »

Depuis quelques mois, l’association prépare en outre, avec l’aide de ses bénévoles, des produits finis comme des bananes, des bonnets ou des tote bag. « On les vend ensuite directement à notre boutique ou sur des marchés de créateurs, précise Delphine Vacher. On reçoit toujours un très bon accueil partout où l’on va ! ».

Elle réceptionne également du matériel spécifique, comme des machines à couture, qui sont « réparées  si besoin, puis remises en vente à prix modiques, entre 30 et 60 euros en moyenne. Pour quelqu’un qui souhaite se lancer, c’est une bonne affaire, ça permet de s’équiper à moindre coût. »

En parallèle de ses activités de vente et de création, l’association organise également des ateliers pour faire découvrir la couture, la broderie, le point de croix… Ces temps d’initiation sont à la fois destinés aux habitantes et habitants, mais également à des publics spécifiques, comme les personnes porteuses de handicap, soignées en services psychiatriques ou en situation de précarité sociale. 

En quelques années, le Petit Grenier, a réussi à développer un modèle économique stable, basé sur un tryptique : 1/3 de donateurs privés, 1/3 de subventions publiques et 1/3 de fonds propres dégagés grâce aux ventes de la boutique. De pelotes de laine en rouleaux de tissus, le Petit Grenier a ainsi créé un lien fort avec le quartier et même au-delà. « Nos acheteurs comme nos donateurs viennent de toute la Métropole, parfois même au-delà !, se réjouit Delphine Vacher. L’écosystème du réemploi et de l’économie sociale n’en est qu’à ses débuts ! »