Le manoir de la Bouvardière : un lieu chargé d’émotion

La première offre le visage d’une habitation médiévale avec sa tourelle octogonale et son escalier à vis. La seconde, visible de la rue, consiste en un manoir avec une tour imposante et d’élégantes façades à frontons cintrés. Au fil du temps, La Bouvardière a rempli plusieurs fonctions affichant la puissance symbolique de ceux et celles qui l’ont habitée : Pierre Landais, trésorier général du duché de Bretagne entre 1430 et 1485, puis Arthur Lespervier, notable local qui devient capitaine de Nantes en 1488, titre accordé par la duchesse Anne de Bretagne.
Au 17e siècle, le manoir est devenu la propriété d’un conseiller au Parlement de Bretagne, puis celle d’un avocat général à la Cour de Bretagne. Une nouvelle page se tourne à la fin du 19e siècle lorsque l’industriel Jean-Maurice Amieux (1839-1919) l’achète et en fait sa résidence d’été.

La Bouvardière reste dans cette famille jusqu’avant la Seconde Guerre mondiale. L’un des petits-fils y fait inscrire ses initiales (L.A pour Louis Amieux) dans la ferronnerie d’un petit balcon. La propriété est cédée à la Banque d’Algérie qui envisage d’y installer un centre de repos. Le projet est abandonné.
En 1942, le site, réquisitionné par l’occupant nazi, est le témoin des événements tragiques de la nuit du 28 au 29 juin 1944. Le 28 juin, 2 500 soldats de la Wehrmacht, des SS et la milice cernent les 300 résistants au maquis de Saffré.
Plusieurs sont tués, 37 d’entre eux sont arrêtés, transportés à la Bouvardière où ils sont jugés de manière expéditive dans le manoir avant d’être fusillés dans le parc. Depuis la Libération, le site accueille une unité de compagnie républicaine de sécurité. Il est actuellement propriété du ministère de l’Intérieur.