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Vie associative

À l’Espace 126, l’ouverture à la différence

Publié le | Mis à jour le

Depuis mars, l’Adapeila et l’Espace 126 expérimentent un partenariat inédit à Saint-Herblain. Objectif : accompagner des jeunes en situation de handicap vers plus d’autonomie, au cœur du quartier.

Corentin déboule dans la salle de classe avec un peu de retard. « Le beau-gosse est arrivé ! », s’exclame la classe en chœur, ravie de retrouver son camarade. Ce matin, le jeune homme de 18 ans a franchi une étape importante : il est venu seul en transport en commun, un vrai défi pour lui. Depuis mars 2025, onze adolescents et adolescentes  en situation de handicap intellectuel, âgés de 15 à 19 ans, fréquentent du lundi au vendredi le centre socioculturel, l’Espace 126. Ils y suivent des cours et des ateliers encadrés par une équipe pluridisciplinaire. Ce projet inédit à Saint-Herblain est né d’un partenariat entre l’Espace 126 et l’Adapeila, association de défense des droits des personnes en situation de handicap.

Dans une salle de classe, cinq adolescents et une institutrice autour d'une table, en cours de mathématiques.
Zoé, Élise, Minh et Hortens en plein cours de mathématiques avec leur enseignante.

« J’étais scolarisé dans un collège inclusif, mais je préfère être ici, l’ambiance est meilleure ! », confie Corentin. Chaque jour, les jeunes choisissent leurs activités : mathématiques, lecture, numérique, courses au marché. Leur semaine est rythmée par des ateliers d’éducation affective et sexuelle, de préparation au projet professionnel ou encore d’activités physique. Objectif : leur permettre de gagner en autonomie. « Sortir des institutions spécialisées comme les IME (Institut médico-éducatif) pour s’inscrire dans un espace de droit commun est essentiel à leur confiance en eux », explique Florie Bourget, éducatrice spécialisée et coordinatrice du projet. Ils apprennent à se déplacer, à faire des courses, à s’intégrer dans un quartier et à compenser leur handicap. »

Créer du lien dans le quartier

Ce partenariat profite aussi aux jeunes du centre socioculturel. Hélène Fillaudeau, directrice de l’Espace 126, y a vu une évidence : « Pour nos équipes et pour les jeunes qui fréquentent le centre, cela permet de changer le regard sur le handicap et de sensibiliser à la différence. ». Elle a d’ailleurs organisé la projection du film Un p’tit truc en plus, pour prolonger la réflexion avec humour et sensibilité.

Les jeunes de l’Adapeila participent à des activités avec les autres jeunes du centre – football, couture, repas collectifs – et visent à développer, à terme, des projets communs. Ils s’investissent aussi dans la vie du quartier, en devenant bénévoles au cinéma associatif Le Lutétia ou en créant des liens avec les habitants et habitantes.

Ce programme, qui s’inscrit dans l’« UPAVS » (Unité préparatoire à la vie sociale) de l’Adapeila, permet aux jeunes concernés de préparer leur avenir, qu’ils intègrent un ESAT (établissement et service d’accompagnement par le travail), un foyer de vie ou un logement en semi-autonomie. Toujours avec la même ambition : renforcer leur confiance et leur autonomie, grâce à la vie collective et aux rencontres.

Une alternative aux structures saturées

Mis en place depuis cinq ans au centre socioculturel de la Bugallière à Orvault, ce type de partenariat a servi de banc d’essai pour l’Adapeila. « Ce programme est une alternative aux IME, aujourd’hui saturés. Mais il faut répondre à des appels à projets et obtenir les financements de l’ARS (agence régionale de santé) pour créer de nouveaux partenariats », explique Héléna Seaudeau, cheffe de service de l’UPAVS. Elle espère voir ces initiatives se multiplier dans la métropole afin de montrer que « l’inclusion prend tout son sens dans la vie quotidienne, au cœur du quartier. »