Partager avec

Nature - Solidarités

Transition : l’alimentation en partage

Publié le

À Saint-Herblain, nombre d’initiatives ont pour objectif d'encourager l’accès à une alimentation saine, tout en favorisant une agriculture soutenable sur le plan écologique.

Avec le lancement de la Caisse commune de l’alimentation, « le droit à bien manger » est au cœur de l’actualité. À Saint-Herblain et Nantes, 20 foyers des quartiers Bellevue, Chantenay et Sainte-Anne – un périmètre choisi pour sa mixité sociale – expérimentent depuis le 1er septembre un système de cotisation ouvrant droit à des produits sains et de qualité.

Sécurité sociale de l'alimentation

Inspiré par les principes de la Sécurité sociale et piloté par l’association VRAC, la Caisse commune de l’alimentation, dont l’idée séduit un nombre croissant de villes en France, garantit à tous une somme d’argent minimale pour « bien s’alimenter ». Elle est financée grâce aux cotisations de ses membres en fonction de leurs moyens : « Pendant la phase d’élaboration, ce sont les premiers usagers de la caisse qui ont rencontré des producteurs et choisi les lieux d’achat conventionnés, explique Aurélie Auguin, membre de l’association VRAC. À Saint-Herblain, ce sont pour l’instant L’Assiette du jardin et l’épicerie VRAC de Bellevue, des adresses qui privilégient les circuits-courts et le bio ». D’ici décembre, 80 nouveaux foyers vont rejoindre le dispositif – de nouveaux commerces conventionnés devraient également nourrir ce carnet d’adresses gourmand. L’expérimentation – qui est suivie de près par le laboratoire de recherche ESO (Espace et sociétés) de Nantes – doit se prolonger jusqu’en août 2026.

Si vous avez plus de 18 ans et que vous habitez le quartier de Bellevue, il est encore temps de vous préinscrire. Des réunions sont organisées régulièrement pour informer et recruter les volontaires. Plus d’informations sur www.cca44.fr ; pour toutes demandes d’informations : participation-cca44@vrac-asso.org ou tél. 07 74 10 06 76

Image 1
Sur le marché de Bellevue, les animatrices de la Caisse commune de l’alimentation présentent le projet aux habitants. Crédit photo : Damien Cernak.

Vu par l’élu - Bertrand Affilé, Maire de Saint-herblain, Vice-président de Nantes Métropole

Qu’est-ce que le Projet alimentaire territorial (PAT) ?

Établi au niveau métropolitain, ce document a pour vocation de créer un nouveau modèle alimentaire respectueux de la santé des humains et de la nature et d’imaginer un espace innovant en matière d’accès à l’alimentation. Ce qui paraît important, c’est de s’engager dans une transition qui agit concrètement contre les inégalités d’accès à la nourriture. Sur le plan métropolitain, l’ambition affichée est de créer des filières complètes d’alimentation locale et bio.

En termes de solidarité et d’alimentation, comment se traduit l’engagement des habitants sur le territoire ?

Saint-Herblain se distingue par un tissu associatif dynamique, riche de plusieurs centaines d’associations. Par exemple, au Sillon de Bretagne, le centre socioculturel réserve des paniers de l’Amap pour des familles en situation de précarité. Deux fois par mois, l’association la Goutte d’O distribue des paniers au Grand B, en partenariat avec la Banque alimentaire. Cette action associe notre CCAS, elle vise un meilleur accès aux droits et aux services publics pour près de 150 bénéficiaires.

Un restaurant solidaire, mais pas seulement

Devant le restaurant social du Carré des services, joliment baptisé L’Assiette du jardin, serpente une file d’attente où se côtoient des retraités, des familles, des salariés du quartier mais aussi un couple muni de cette fameuse carte de la caisse commune d’alimentation : « Depuis septembre, nous faisons partie des adresses conventionnées car le restaurant répondait à la charte de qualité du projet. Ici, tout est fait maison avec des produits bio et locaux. Les fruits et légumes proviennent notamment du chantier d’insertion de maraîchage à Couëron », souligne Jean-Philippe Jacot. On est loin d’une cantoche sans âme et sans saveurs. Pour Rose, Hamid et Carlos, c’est l’occasion de partager un repas sain et bon à petit prix – les tarifs sont adaptés à chaque budget.

deux personnes préparent des assiettes en cuisine.
Dans les cuisines de l'Assiette du jardin, les salariés en insertion, découvrent les métiers de la restauration. Crédit photo : Damien Cernak.

Chaque jour, le restaurant sert en moyenne 60 repas confectionnés par 10 salariés en insertion de la régie de quartier OCEAN. Un véritable tremplin vers l’emploi pour ces personnes qui apprennent ici tous les métiers de restauration – accueil, cuisine mais aussi dressage ou service en salle : « Que ce soit côté cuisine ou en salle, il y a beaucoup de gens qui, par le biais du restaurant, reprennent goût à la vie. C’est vraiment un lieu d’échange et de rencontres qui permet à certains de sortir de leur isolement. Et un melting-pot de nationalités qui crée une bonne ambiance ! », ajoute-t-il.

Plus d’infos sur le site d’Océan insertion : https://ocean-insertion-44.org/les-services-de-proximite/le-restaurant-social-au-carre-des-services/

Notre article complet : « L’assiette du jardin : plus qu’un restaurant »

Environnements solidaires, la pionnière

Deux personnes s'affairent devant des semis dans une serre.
Des semis à l'assiette, Environnements solidaires agit sur toute la filière pour la promotion d'une agriculture durable et solidaire; Crédit photo : Damien Cernak.

Environnement solidaires est l’une des associations pionnière en matière d’agriculture urbaine, d’écocitoyenneté et d’économie circulaire. Elle propose entre-autres des ateliers de jardinage à la Petite ferme urbaine, installée depuis 2017 au cœur de Bellevue, récupère et redistribue les d’invendus du marché, propose des ateliers cuisine « anti-gaspi ».

Et depuis 2024, les anciennes caves de la tour du Moulin du Bois à Bellevue hébergent une champignonnière. Plusieurs personnes en insertion y chouchoutent les pleurotes et shiitakés bio produits sur place. Cette belle production de 3,6 tonnes de champignons bio par an alimente notamment des Amap locales – quant aux invendus, ils sont distribués gratuitement toutes les semaines au centre socioculturel du Grand B. Avis aux amateurs, l’association cherche de nouveaux points de vente à proximité.

Contact : www.environnementssolidaires.org/nous-contacter/

Notre article complet : « Environnements solidaires : nature et entraide à Bellevue »

En chiffres

2 Amap

sur le territoire

4 371 hectares de terres

agricoles et naturelles sanctuarisées à Saint-Herblain, Couëron et Indre

30% de ménages herblinois

au sein de la Caisse commune d’alimentation

34 000 foyers

bénéficient de l’aide alimentaire en Loire-Atlantique en 2024

Partage de saveurs

À l’autre bout de la ville, c’est aussi l’heure de la cantine ! Comme tous les mercredis depuis mars 2024, la grande salle du centre socioculturel Sillon de Bretagne accueille à l’heure du déjeuner une vingtaine de convives, principalement des habitants et habitantes du Sillon, pour sa cantine solidaire et… participative. Ici, tout le monde met la main à la pâte, du dressage des tables à la plonge. Dans les cuisines, des cuistots bénévoles concoctent depuis le matin un repas aux saveurs africaines, une belle occasion de partager leurs recettes.

Au premier plan une personne amène un charriot chargé de nourriture vers un table ou des convives sont installés.
Après l'effort, le réconfort ! Le repas préparé par les cuisiniers et cuisinières de l'atelier est partagé dans la grande salle du centre socioculturel du Sillon de Bretagne. Crédit photo : Damien Cernak.

Ici, börek, soupe miso, rougail saucisses ou tajine s’invitent régulièrement à table : « Ce projet a été initié à la demande des habitants qui souhaitaient participer à des ateliers cuisine, explique Céline Leroy, facilitatrice d’actions lien-social au centre social. Ce que nous souhaitons c’est qu’il permette à des personnes vivant seules de partager un repas équilibré et accessible en toute convivialité mais aussi de valoriser la diversité culturelle du Sillon de Bretagne et les savoir-faire des habitants. Les repas sont élaborés à partir de produits locaux et bio provenant notamment de l’Amap du Sillon ».

Dans tout le territoire, la question du « Bien manger » prend bel et bien la forme d’une aventure collective œuvrant pour une nouvelle solidarité alimentaire.

Des paniers solidaires

L’objectif des paniers bio solidaires, qui existent depuis une quinzaine d’années dans toute la région, est de maintenir et développer une production agricole biologique locale mais aussi de créer de l’emploi en offrant une professionnalisation dans les métiers de la logistique. À Saint-Herblain, il existe plusieurs points relais pour récupérer son panier bio, dont la préparation et la livraison sont assurées par des personnes en insertion sociale et professionnelle.

Plus d’infos : www.lespaniersbiosolidaires.fr

Témoignages : un engagement partagé autour du droit à bien manger

Dominique Douaud, Président de l’Amap Tillay-Bourg

Créée en 2009, l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne de Tillay-Bourg est l’une des plus grosses Amap de la Métropole avec 250 familles adhérentes. Le principe est le même que dans les autres Amap, notamment celle du Sillon qui a été créée il y a 4 ans par des membres de l’association : c’est de favoriser la consommation bio et locale en souscrivant un contrat avec un ou plusieurs producteurs, dont « 90 % sont en Loire-Atlantique ou très proches », précise Dominique Douaud.
Et le Président de l’Amap de détailler son fonctionnement : « Au Tillay et au Bourg, notre organisation repose sur une quarantaine de bénévoles- coordinateurs qui sont en lien avec les différents producteurs avec lesquels nous collaborons. C’est également eux qui choisissent les nouveaux en se rendant dans les exploitations. Lors des distributions hebdomadaires au Tillay et au Bourg, les « Amapiens » peuvent les rencontrer directement –
ils sont 23 actuellement – et leur poser des questions sur leurs produits. Cela crée du lien et des envies ! »

Laïla, participante à la caisse commune de l'alimentation

« Je vis près du parc de la Carrière et suis adhérente à l’association VRAC depuis 4 ans. Depuis que j’ai des enfants, je suis plus sensibilisée au bio, à la qualité des produits. Avant je ne cuisinais jamais ! L’an dernier, l’équipe m’a proposé de participer au projet de la caisse commune d’alimentation en faisant partie du comité habitants. Je ne savais pas encore que j’allais participer à toutes les étapes d’élaboration du projet ! » De décembre 2024 à fin juillet dernier, les participants ont enchaîné les ateliers et réunions pour déterminer les critères de sélection des futurs participants, choisir les premiers commerces conventionnés mais aussi établir le montant des cotisations et de l’allocation. Des échanges qui mènent concrètement aux changements d’habitudes : « Rencontrer des producteurs donne envie d’acheter plus local » acquiesce Laïla. Début septembre, elle a reçu sa première allocation et a commencé à faire ses achats chez des commerçants « chez qui je n’allais jamais car ils étaient trop chers pour mon budget « .

Cédric Cadoret Directeur de Chlorophylle, coopérative de produits bio

« Chez Chlorophylle, nous avons une belle histoire avec Saint-Herblain : c’est ici qu’a ouvert le premier et le dernier magasin de notre réseau ! Aujourd’hui, sur la totalité de nos produits bio – 9000 -, nous en proposons 2600 locaux. Pour nous, cela va de soi de valoriser une région qui compte énormément de production bio et de soutenir les producteurs locaux et donc l’environnement ». Pour fêter ses 40 ans, l’enseigne a organisé beaucoup de visites chez ses fournisseurs et dans les exploitations voisines pour ses adhérents, « qui aiment pouvoir mettre un visage sur un produit ». Elle a eu aussi envie de faire rimer son anniversaire avec un projet solidaire en soutenant financièrement des associations du territoire, choisies par les équipes des sept magasins du réseau. Une façon de rappeler que Chlorophylle, devenue au fil de l’eau une coopérative détenue par ses adhérents, a longtemps suivi un modèle associatif.