La route de Vannes, l’ère des grands magasins

Dans les années 60, la société de consommation transforme cette artère encore semi-rurale. En 1967, les établissements Decré y inaugurent Record, premier hypermarché de l’agglomération et quatrième de France. Le succès est tel qu’il provoque d’immenses embouteillages, jusqu’à la place Viarme. Dès 1969, la route est élargie et de nouveaux carrefours créés. Bientôt, grandes surfaces, garages et enseignes d’ameublement s’alignent en continu, dessinant un urbanisme linéaire inédit.

Quatre kilomètres en ligne droite concentrent alors 40% des grands commerces spécialisés de l’agglomération dans les années 1990. La route de Vannes devient l’une des plus grandes rues commerciales de France. Pour loger familles et salariés, le Sillon de Bretagne est construit entre 1970 et 1974 : 800 logements, jusqu’à 4 000 habitants, une véritable ville dans la ville. Mais la route de Vannes n’est pas qu’une succession de façades. Frédérique Pellerin en est convaincue. Manageuse de l’association des commerçants de 2001 à 2021, elle a mené deux ans d’archives pour créer Le Voyage route de Vannes. Son projet, consultable en ligne, propose une carte interactive nourrie de photos et témoignages pour rappeler que cette route est avant tout une histoire humaine. C’est aussi le reflet d’une époque marquée par le tout-voiture et l’essor de l’ameublement. Frédérique Pellerin nous rappelle qu’à la fin des années 60, l’enseigne Meubles Mercier recevait ses chambres à coucher par wagons de train et es vendait directement sur le parking, image saisissante d’une époque en pleine mutation. Aujourd’hui encore, la route de Vannes demeure un territoire d’histoire et de mémoire, façonné autant par ses enseignes que par celles et ceux qui l’ont fait vivre.