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Nature

Eau : préserver l’or bleu

Publié le | Mis à jour le

Dans un monde confronté au changement climatique, les tensions sur la ressource en eau deviennent récurrentes et vont s’intensifier dans les prochaines années. La Ville de Saint-Herblain a pris la mesure des enjeux et s’engage dans un changement de pratiques pour réduire sa consommation et préserver la ressource.

L’importante sécheresse de 2022 couplée à la canicule de l’été a donné un coup d’accélérateur à l’attention portée à la gestion de l’eau dans les collectivités. «  La production, la distribution, la collecte et le traitement de l’eau potable sont des compétences métropolitaines, explique Myriam Gandolphe, adjointe à l’environnement et au cadre de vie. De son côté, la Ville agit sur ses consommations, sur l’entretien des espaces verts, la gestion des espaces naturels et la sensibilisation des habitantes et habitants. » Avec 44 km de réseau d’étiers et de ruisseaux mais aussi 208 hectares de zones humides, Saint-Herblain prend d’abord soin de son patrimoine naturel. Celui-ci a été inventorié en vue d’être préservé, lors de l’élaboration du Plan local d’urbanisme métropolitain (PLUm) en 2019. Nettoyage, retrait de la jussie (plante très envahissante), entretien des berges, décanalisation et renaturation des cours d’eau…, ces opérations sont menées avec le soutien financier de la Métropole, du Département ou de la Région. En 2025, une action d’envergure aura lieu au niveau de la Chézine pour restaurer les milieux humides.

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Les étiers du marais de la Pelousière communiquent avec la Loire et constituent une remarquable réserve de biodiversité. (c) Maxence Gross.

Si les écosystèmes sont bien entretenus et régulés, que l’on fait attention à la qualité de l’eau, cela évite les débordements et impacte positivement les nappes phréatiques et la Loire

Myriam Gandolphe - Adjointe à l'environnement et au cadre de vie

Pour aller au-delà et sanctuariser des espaces afin de prévenir la spéculation immobilière, les Villes de Saint-Herblain, Couëron et Indre travaillent ensemble, en lien avec le Département, à la création d’un périmètre de protection d’espaces agricoles et naturels (PEAN).

Retour des eaux pluviales à la terre

Pour éviter les débordements et inondations et favoriser le cycle de l’eau, l’une des solutions est l’infiltration directe des eaux pluviales dans la terre. Un objectif difficile à atteindre en zone urbanisée mais dont il est possible de s’approcher.  » Nantes Métropole a édicté certaines règles pour que les eaux pluviales ne se retrouvent pas dans les réseaux, déclare Josette Garcia-Melgares, responsable du service études générales et projets au sein de la direction de la nature des paysages et de l’espace public. Nous devons désartificialiser, éviter l’imperméabilisation des sols dans les nouveaux projets et compenser les surfaces imperméables indispensables par des noues, des bassins de rétention… à l’échelle de la parcelle pour que l’eau s’infiltre sur place. « 

Au cours du mandat, 900 000 € seront consacrés à végétaliser les cours des groupes scolaires et des crèches. Et désormais, tous les projets d’aménagement intègrent la gestion des eaux pluviales.  » Il peut y avoir des réticences de la part des usagers car un revêtement semi-naturel n’aura pas le même rendu qu’un revêtement bétonné et sera potentiellement moins praticable en cas de pluies abondantes, ajoute Maëlle Bossy, responsable du service gestion espaces verts et naturels. Les services de la Ville comprennent bien ces interrogations et il y a de la sensibilisation à faire pour communiquer sur les choix adoptés.  » L’eau de pluie peut également être récupérée pour l’arrosage ou l’entretien. La municipalité fournit actuellement 38 cuves supplémentaires ou de plus grande capacité aux jardins familiaux et va également en équiper ses locaux techniques. Mais si nous voulons faire davantage, en récupérant les eaux des toitures de nos écoles, de nos gymnases, il faut que la réglementation évolue car elle est très contraignante »  ajoute Myriam Gandolphe.

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En février 2024, 38 nouvelles cuves de récupération d'eau ont été installées par la Ville dans les jardins familiaux.

Réduire ses consommations

Côté espaces verts, des changements de pratiques ont été initiés il y a déjà plusieurs années, accentués depuis 2022 : fin de l’arrosage des pelouses (sauf devant la salle des mariages de l’Hôtel-de-Ville), fin des massifs de fleurs gourmandes en eau pour des massifs plus adaptés (lire témoignage), récupération des eaux de pluie pour l’arrosage et le nettoyage des outils des services municipaux.  » Malgré le manque d’eau l’été, on essaie de trouver des solutions pour que les habitantes et habitants puissent se rafraîchir en cas de fortes chaleurs, affirme Maëlle Bossy. Les asperseurs dans les parcs de la Savèze et du Clos Fleuri produisent une brume, moins consommatrice que des jets d’eau.  » Démarche similaire pour la grande pataugeoire du Clos-Fleuri, rénovée en 2018 : elle est aujourd’hui alimentée en circuit fermé grâce à la phytoépuration, permettant d’éviter une vidange tous les 2 jours.

Les Herblinoises et Herblinois sont aussi invités à ne pas gaspiller l’eau, particulièrement en période de sécheresse. Des ateliers sont régulièrement proposés à la Longère de la Bégraisière autour du jardinage naturel, de l’importance des zones humides…

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La végétalisation de la cour de l'école de la Sensive a aussi permis de redistribuer l'espace au profit de jeux mixtes et apaisés.

120

litres d’eau potable consommée par jour et par habitant dans la métropole

25 à 50%

de bitume en moins dans les cours de Confetti et de la Sensive

44

km de réseaux d’étiers et de ruisseaux sur la commune

900 000 €

pour végétaliser les cours d’écoles et de crèches

Risques naturels : gare à l’eau

Elle manque plus souvent qu’elle n’inonde mais le Document d’information communal sur les risques majeurs (DICRIM) herblinois inclut bel et bien les inondations. La commune est surtout concernée par les fortes pluies et le ruissellement. La meilleure prévention face à ce risque réside dans les actions d’urbanisme pour que l’eau s’infiltre où elle tombe et dans l’entretien des espaces verts et naturels. En cas d’alerte, le maire peut prendre des arrêtés pour suspendre des activités et réquisitionner les moyens nécessaires à la sécurité des Herblinois et des Herblinoises.

Trois conseils pour économiser l’eau

  • Installer des mousseurs sur les robinets : jusqu’à 50% d’économies à chaque douche ou session de vaisselle
  • Chasser les fuites : déposez une coupelle au fond de votre évier ou lavabo pour la nuit. Un robinet qui goutte, c’est jusqu’à 120 litres par jour
  • Récupérer l’eau pour arroser les plantes d’intérieur : en attendant l’eau chaude, l’eau froide peut aller dans un arrosoir, l’eau qui a servi à laver les légumes aussi.

La Loi sur l’eau

La Ville agit dans le cadre réglementaire de la Loi sur l’eau sans cesse enrichie depuis 1992 : un plus pour la prise en compte de ces enjeux dans les projets municipaux mais aussi de fortes contraintes, liées entre autres aux questions sanitaires. Des avancées ont eu lieu sur l’utilisation de l’eau de pluie et des réflexions sont en cours sur la réutilisation des eaux usées après traitement pour des opérations de nettoyage notamment.

Ils économisent au quotidien

Michel Clorennec

Auparavant membre d’un jardin partagé, Michel Clorennec s’est vu attribué une parcelle de 50 m2 au jardin de la Rabotière en 2018. Adepte du jardinage naturel, il paille ses cultures pour limiter l’évaporation de l’eau, ce qui lui permet d’arroser seulement une fois tous les 3 jours en période sèche. Les parcelles de 50 m2 sont aujourd’hui équipées de récupérateur d’eau de pluie de 220 litres.  » Ce n’est pas assez, car avec 6-7 arrosoirs par session d’arrosage, j’en vide la moitié en une seule fois, explique le jardinier. Après avoir consommé beaucoup d’eau potable, nous avons demandé à la mairie de nous installer des cuves plus grandes.  »
Être autonome
C’est chose faite en ce printemps 2024, des cuves de 1000 litres attendent d’être remplies par la pluie. Une bonne nouvelle pour Michel Clorennec qui avait calculé sa consommation entre juin et septembre derniers.  » J’ai utilisé 2000 litres provenant à 40% de ma cuve et à 60% du robinet. Si j’avais eu la cuve de 1000 litres, j’aurais quasiment été autonome. « 

Norah Heun

 » Jusqu’à récemment, le climat permettait à beaucoup de plantes de s’adapter, précise Norah Heun, responsable de l’équipe espaces verts du secteur Bourg. Avec le réchauffement climatique, les végétaux ont plus de difficultés à prendre racine notamment à cause des gros pics de chaleur et du manque d’eau.  » Alors pour continuer à avoir une ville fleurie et verte, sans épuiser la ressource en eau, les équipes des espaces verts changent de pratiques. Les massifs de fleurs annuelles, type tulipes, très gourmandes en eau se raréfient et ceux qui restent sont arrosés au goutte à goutte.  » Nous travaillons de plus en plus avec des vivaces qui nécessitent un peu d’arrosage la première année puis ensuite  » se débrouillent. « 
S’adapter pour préserver
Sols sableux, calcaire, riche en humus, ombre, soleil, grâce à leurs connaissances des plantes et aux observations faites sur le terrain, les équipes composent des massifs harmonieux en volume, en couleur et avec des floraisons toute l’année, si possible.  » Nous utilisons beaucoup la sauge, très florifère et résistante, certains géraniums, des érigerons, des rosiers, achillées, œillets… et nous paillons pour garder les sols humides.

Céline Jarron

En 2020, Nantes Métropole a répondu à un appel à projets de l’Agence de l’eau sur les économies d’eau potable. En 2022, 21 communes sur 24 se sont donc engagées pour être accompagnées afin de réduire leurs consommations.  » Les objectifs sont d’abord de faire un état des lieux des consommations pour savoir où il y a des efforts à faire, explique Céline Jarron, responsable service animation du cycle de l’eau à Nantes Métropole. Ensuite, un plan d’actions adapté à chaque commune sera mis en place. Saint-Herblain n’a pas attendu l’audit pour changer ses pratiques dans la gestion de ses espaces verts, comme beaucoup d’autres collectivités.  »
Devenir exemplaire
Nantes Métropole propose des outils, des formations aux agentes et agents mais agit également auprès du grand public avec un volet sensibilisation auprès des scolaires notamment.  » Pour solliciter les usagers sur les gestes à effectuer, il faut d’abord que les collectivités soient exemplaires. »