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Solidarités - Vie économique

Micro-crédit social : un coup de pouce pour ceux qui n’ont plus accès aux banques

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Au CCAS de Saint-Herblain, les micro-crédits sociaux permettent à des habitants et habitantes aux revenus modestes de financer une dépense imprévue. Un dispositif encore peu connu mais souvent déterminant.

Dans le bureau d’Émilie Lucas, conseillère en économie sociale et familiale, Madame Martin s’installe lentement, appuyée sur sa canne. Elle est venue demander un micro-crédit de 400 euros pour régler une facture de garagiste. « J’en ai vraiment besoin, murmure cette Herblinoise en situation de handicap. Ma voiture est indispensable pour mes déplacements. »

Émilie Lucas constitue alors son dossier : pièces justificatives, bilan sur les dépenses mensuelles. Si le prêt est accepté, Madame Martin devra rembourser 25 euros par mois sur une période d’environ un an et demi. « C’est raisonnable, je peux y arriver », souffle-t-elle. Ce n’est pas la première fois qu’elle fait appel au dispositif, découvert grâce à son assistante sociale. « Ce premier prêt, contracté aussi pour ma voiture, m’a beaucoup aidée ! », se rappelle-t-elle. Comme beaucoup d’habitants aux revenus modestes ou fluctuants, elle se trouve dans une zone grise : trop de ressources pour certaines aides sociales, trop peu pour un crédit bancaire classique.

Un dispositif encadré

Le micro-crédit s’adresse précisément à ces ménages. « Ces prêts à taux faible sont destinés aux personnes exclues du crédit bancaire traditionnel », résume Émilie Lucas. Ils permettent de financer une dépense liée à la santé, à l’emploi ou à la mobilité, ou d’amortir un imprévu du quotidien. Le CCAS vérifie la capacité de remboursement, puis transmet le dossier à des partenaires bancaires comme le Crédit municipal de Nantes ou le Crédit mutuel.

En 2024, 37 rendez-vous liés aux prêts ont été menés, dont 9 dossiers de micro-crédit déposés, et seulement 2 validés par les banques partenaires. Un taux d’acceptation faible, qui illustre la rigueur du dispositif. « Les banques n’acceptent pas les dossiers dont la capacité de remboursement est trop faible, reconnaît Émilie Lucas. Cela implique beaucoup de refus. »

Une porte d'entrée vers d'autres aides

Mais le refus n’est pas une fin en soi. « Le micro-crédit est souvent une porte d’entrée », souligne-t-elle. Lorsqu’un dossier n’aboutit pas, les travailleurs sociaux orientent vers d’autres aides, ou accompagnent les habitants dans l’ouverture de droits non demandés. « Beaucoup de personnes peuvent prétendre au RSA ou à l’APL mais n’en font pas la demande, car les démarches sont compliquées. On essaie alors de les guider vers des solutions adaptées. » En 2024, 80 personnes ont bénéficié d’un pré-diagnostic budgétaire, une étape qui permet de vérifier la pertinence d’un micro-crédit et d’ouvrir, le cas échéant, un accompagnement social plus large.

Pour Mme Martin, ce rendez-vous représente un soutien concret, dans un moment où chaque euro compte. « On ne peut pas toujours s’en sortir seule… Ça fait du bien de savoir qu’on peut être aidée », confie-t-elle avant de quitter le bureau, soulagée d’avoir trouvé une solution pour continuer à se déplacer.