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Nature

Nature en ville : l’arbre en partage

Publié le | Mis à jour le

À l’heure de l’accélération du changement climatique et d’une prise de conscience collective de sa gravité, l’arbre en milieu citadin semble connaître une seconde vie. À Saint-Herblain, où plus d’un tiers du territoire est recouvert d’espaces verts et naturels, l’arbre a déjà une place à part. Focus sur la manière dont la Ville entend protéger, valoriser et étendre ce patrimoine arboré.   

« Maîtresse, on entend la sève, ça fait ssshhh, c’est incroyable ! ». Ce matin d’octobre, une vingtaine d’enfants de l’école Françoise-Giroud s’émerveillent devant un bouleau du parc de la Gournerie. Stéthoscope vissé aux oreilles, ils écoutent avec admiration la sève circuler derrière le tronc. Cette expérience sensible de la nature et du fonctionnement des arbres est rendue possible par la Ville de Saint-Herblain qui a créé à la Maison du temps libre de la Gournerie, un site spécifique dédié aux classes vertes des écoles.

Plusieurs centaines d’élèves y défilent chaque année pour découvrir la richesse du monde végétal grâce aux arbres remarquables du parc, au verger conservatoire et ses nombreuses variétés d’arbres fruitiers, au jardin médiéval et ses condiments multiséculaires…

Classes vertes au parc de la Gournerie
Le parc de la Gournerie est un lieu privilégié pour très nombreuses classes vertes, comme ici au Jardin des sens, avec de jeunes écoliers © Pascal Beltrami

Corridor végétal

Cet apprentissage in situ est rendu possible par l’importante diversité du patrimoine arboré herblinois, riche de plusieurs milliers d’individus et dont certains spécimens remarquables – en raison de leur âge avancé ou de leurs caractéristiques biologiques – font l’objet d’un suivi spécifique de la part des jardiniers et jardinières municipales. Cette diversité s’épanouit en particulier au sein du Cours Hermeland, long corridor végétal créé à la fin des années 80 et aussi vaste que le Central Park de New-York. Dans ces espaces grandissent des arbres et arbustes en sous-bois, en haies bocagères, en vergers…

Mais on y retrouve également des prairies (landes, broussailles…) et de nombreuses zones humides (marais, cours d’eau, mares, étangs….), dont on sait aujourd’hui qu’elles jouent un rôle écologique majeur en milieu urbain. « La nature structure nos villes désormais, juge Myriam Gandolphe, adjointe au maire en charge de l’environnement et du cadre de vie. Et à Saint-Herblain, nous sommes en avance sur ces questions, notamment à travers la création il y a plus de trente ans du Cours Hermeland, autour duquel se sont historiquement structurés les quartiers de la commune. Lui et les milliers d’arbres qu’il compte ont depuis toujours été préservés. »

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Créé dès le milieu des années 80, le Cours Hermeland constitue un vaste corridor écologique, véritable refuge pour la biodiversité. Ici, vue de haut, la canopée bordant la Chézine et son étang © Bruno Bouvry

Une naissance ? Un arbre planté !

Afin de renforcer la trame verte herblinoise tout en sensibilisant au changement climatique, la Ville a décidé la mise en place d’un projet singulier : 1 naissance = 1 arbre. Avec 650 naissances de petits herblinois par an en moyenne, ce sont donc autant d’arbres et d’arbustes qui seront plantés chaque année sous différentes formes, ici  en verger, là en haies bocagères, là encore en massif boisé… Au total, ce sont près de 4000 végétaux qui prendront racine sur le territoire. Première date de plantation le samedi 26 novembre, au niveau de la coulée verte de la Rabotière.

Atelier de plantation le 26/11, de 10 h à 12 h. Rendez-vous devant l’espace sportif du Vigneau. Prévoir bottes, gants et tenue adaptée.  

Utilité écologique

Aujourd’hui, la Ville applique une gestion différenciée à ces espaces naturels qui structurent la forme de Saint-Herblain. Taillée et élaguée dans les rues pour faciliter la circulation, la nature se déploie plus librement dans les grand parcs et forêts urbaines, à l’instar de la Gournerie, du Val-de-Chézine ou de la Bégraisière. « On gère les espaces en fonction de la biodiversité potentielle d’un lieu mais aussi des usages qu’on peut y développer, comme la promenade, les loisirs d’extérieur ou la sensibilisation à l’environnement, comme celle réalisée à la Gournerie », explique Loïc Berthaud, responsable de la cinquantaine de jardiniers et jardinières que comptent Saint-Herblain.

Au-delà du remplacement des spécimens en mauvais état sanitaire, la Ville continue de planter chaque année des centaines de nouveaux arbres (lire encadré), tout en assurant le bon état des milieux naturels qui permettent leur développement. « Aujourd’hui, on ne voit plus seulement l’aspect esthétique des arbres – et c’est tant mieux – mais aussi toutes les vertus qu’ils apportent pour faire face au changement climatique, notamment en milieu urbain : dépollution de l’air, puits de carbone, régulation naturelle des eaux pluviales, ombrage et îlot de fraîcheur, refuges de biodiversité…». Une politique de plantation d’autant plus nécessaire dans les zones exposées aux fortes chaleurs et qui accueillent par ailleurs des publics fragiles, comme les personnes âgées ou les enfants. La Ville a ainsi décidé la renaturation de l’ensemble des cours et abords d’écoles et de crèches d’ici à la fin du mandat, investissant plus de 900 000 euros en quatre ans.  

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Les jardinières et jardiniers municipaux plantent chaque année plusieurs centaines d’arbres et d’arbustes. Et entretiennent au quotidien le patrimoine arboré qui compte plusieurs milliers de spécimens.praires arborées, plantation de nouvelles espèces, broyage d'arbres morts

700

élèves sensibilisés chaque année par la Ville à l’occasion de classes vertes

1137

hectares d’espaces naturels ou agricoles, soit 38 % de la surface de la commune

97

km de linéaires de haies bocagères

900 000

euros consacrés à la renaturation des abords et cours d’écoles et de crèches

Natura 2000

Si l’arbre est un ami des villes, c’est enfin parce qu’on lui doit un rôle social important. « Randonner, se rencontrer entre amis ou en famille, observer la faune, pratiquer une activité artistique…L’arbre invite à de multiples activités créatrices de lien social, juge Myriam Gandolphe. C’est avec cette idée d’un lieu repère autour de la nature en ville que nous avons notamment imaginé la Longère de la Bégraisière (lire encadré). »

Cette valorisation du patrimoine passe également par la reconnaissance de la richesse naturelle exceptionnelle  de certaines zones, comme ce fut le cas avec le classement Natura 2000 des marais de la Pâtissière et de celle, prochaine, de la zone humide de Tougas. « Partout où c’est possible, nous remplaçons le béton par des arbres, des petites plantations fruitières, des parterres fleuris, des haies bocagères, conclut Myriam Gandolphe. La nature doit pouvoir siéger en ville ».

Du 26 novembre au 3 décembre : la semaien de l'arbre

Vous souhaitez découvrir la richesse du patrimoine arboré herblinois ? Comprendre les secrets de certains arbres remarquables multi-séculaires ? Rendez-vous à la Longère de la Bégraisière ! Du 26 décembre au 3 novembre, l’équipement dédie une semaine entière à l’arbre, avec au programme : des ateliers (plantation, fabrication de nichoirs…), une conférence-débat (« Demain, la forêt, le bois et nous), des balades découvertes et plusieurs expositions.

Le programme détaillé des activités de la Longère est à retrouver dans notre agenda dédié.

Gwenaëlle Blanchet, enseignante à l'école Françoise-Giroud

Apprendre aux enfants la complexité d’un organisme végétal dehors, au grand air, dans l’une des principales forêts urbaines de la métropole. C’est le choix fait par Gwenaëlle Blanchet  pour ses élèves de CM1 et CM2. « La Ville de Saint-Herblain nous donne la possibilité de bénéficier de classes vertes au parc de la Gournerie, et dès que je l’ai su, j’ai inscrit mes classes », indique celle qui a passé une partie de sa carrière en Bourgogne, non loin des vignes du Chablis.

« Rendre la nature concrète »

Durant ces classes vertes, Gwenaëlle apprend à ses élèves le fonctionnement d’un organisme végétal, la culture d’un verger, la découverte des insectes… « Ce sont des connaissances qui sont inscrites aux programmes, poursuit Gwenaëlle. La différence, c’est que là, on rend la nature concrète pour eux. Par exemple, lorsque je leur parle de la ramure des arbres, on observe les spécimens autour de nous ». Un apprentissage par le terrain qui séduit de plus en plus de professeurs, selon Gwenaëlle. « Et puis pour ça, des parcs comme celui de la Gournerie, avec tous ces arbres remarquables, ce sont des lieux exceptionnel ».