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Nature - Vie associative

En hiver, ton jardin au repos, tu laisseras

Publié le | Mis à jour le

Alors que s’annoncent les premiers frimas de l’automne, Annie Ardois, spécialiste du jardinage biologique, revient sur les bonnes habitudes en vue de préparer son potager à la saison froide. Et invite à changer certaines habitudes pour donner plus de place au vivant.

Un potager net et propre pour passer l’hiver ? « C’est une erreur que l’on voit souvent chez les jardiniers, constate Annie Ardois, créatrice des Potagers essaimés, qui anime chaque mois des ateliers de jardinage au naturel dans le cadre de la programmation de la Longère de la Bégraisière. C’est une erreur car l’idée de cette période, c’est avant tout de nourrir le sol en prévision du printemps et de créer des refuges de biodiversité pour les insectes et mammifères auxiliaires, comme les coccinelles ou les hérissons. Toutes ces petites bêtes seront très utiles au printemps : les premières raffolent des pucerons, les seconds se font des festins de limaces et d’escargots ».

Hérisson sur l'herbe
Certains petits mammifères, comme les hérissons, sont des auxiliaires très appréciés des jardiniers.

Humus et minéraux

Premier réflexe à adopter à l’approche de l’hiver : ne pas chercher à arracher les cultures de l’été qui sont en train de se terminer. « Le mieux est effectivement de les laisser se dégrader lentement, soit en les conservant sur pied et en les couchant, soit en les coupant à la cisaille afin de les mélanger ensuite aux paillis, note Annie Ardois. Jardiner au naturel, c’est d’abord économiser l’énergie du jardinier ».

Autre réflexe à prendre : nourrir le sol en apportant du compost bien mûr, « 1 cm sur un sol non travaillé. Le travail du sol se fait seulement au printemps, à la grelinette, afin d’aérer le sol sans le retourner ». Une action qui va permettre d’améliorer la composition de la terre en donnant de l’humus, une structure grumeleuse qui laisse passer l’eau et l’air. « Cette humification est très bonne pour les bactéries du sol, ce sont elles qui produisent des minéraux, lesquels seront ensuite utilisés par les végétaux au printemps pour croître, lorsque le sol se réchauffera », détaille la spécialiste du jardinage au naturel.

Zoom sur la grelinette

Outil très utile afin de préserver la richesse organique du sol, la grelinette se distingue de la fourche bêche classique dans sa forme. Dotée de fines dents, la grelinette permet d’aérer facilement la terre, sans la retourner. Les micro-organismes qui y vivent sont ainsi préservés et peuvent continuer à produire de l’humus, en dégradant les matières organiques du sol. 

Paillage généreux

L’automne est également l’occasion de pailler le sol. « Une fois le compost déposé, on paille très généreusement, explique Annie Ardois. Ça va permettre de protéger le compost et lui laisser le temps de se dégrader très lentement, favorisant ainsi la vie microbienne de la terre ».

Pour le paillage, la spécialiste recommande de diversifier les sources : des tontes aérées au préalable (au moins durant 48 h), des feuilles mortes (en prenant soin d’en laisser aux pieds des arbres qui en ont également besoin)… « En complément, il peut être intéressant de laisser les fleurs qui sont montées en graines séchées sur pied, complète Annie Ardois. Ça permet de nourrir les oiseaux l’hiver et favorise une repousse naturelle ».

Image 1
Le paillage du jardin permet de préserver les micro-organismes du sol qui travaillent à produire de l'humus.

Changement de regard

Pour le reste, place à la nature. Aucune intervention de tout l’hiver n’est nécessaire, hormis l’arrachage de plantes sauvages invasives, comme le chiendent, le liseron ou l’oxalis. Afin de laisser les espèces qui hibernent en paix, le désherbage printanier aux abords des potagers ne devrait d’ailleurs se faire qu’à compter de la deuxième quinzaine du mois de mars.

Un changement de pratiques qui permet de cultiver sur des sols vivants, insiste Annie Ardois. « Jardiner au naturel, c’est une invitation à changer de regard et à laisser plus de place au vivant, conclut la spécialiste. Cette manière de préparer son jardin est respectueuse de la biodiversité qui peut s’y développer. »   

Le cycle de jardinage au naturel de la Longère

Une fois par mois, Annie Ardois investit la Longère de la Bégraisière et son jardin pédagogique afin de partager connaissances et conseils pour jardiner dans le respect de la nature et des saisons. Ce cycle annuel d’ateliers pratiques proposés par la Ville de Saint-Herblain est ouvert à toutes et tous, y compris aux débutants, sur inscription. Plus d’infos dans notre article dédié.